Les buts du Saint-Hubert Club de France et de notre chère Revue Le Saint-Hubert sont spécifiés dans l’article premier de nos statuts. Je n’ai pas besoin de vous rappeler qu’il s’agit principalement de la promotion de la chasse.
Il est néanmoins très intéressant de relire cet article crayon en main. En parallèle, j’ai lu le merveilleux texte de François Sureau Sans la Liberté.
Le SHCF a pour but la protection de l’environnement naturel. Je défends mordicus le fait que les chasseurs sont des écologistes. Je l’ai maintes fois écrit : ce mot, nous ne pouvons en laisser le monopole aux Khmers verts (2). Mais de manière plus précise, si les chasseurs sont des écolos, c’est entre autres aussi parce qu’ils sont parmi les meilleurs défenseurs de la biodiversité. Le chasseur aime la nature avec foison de mammifères et d’oiseaux. Le chasseur aime la nature lorsqu’elle est belle, lorsqu’elle est giboyeuse. Et pour qu’il y ait biodiversité, il faut qu’il y ait protection de l’environnement naturel.
Mais dans nos statuts il n’y a pas que le mot protection de la nature. Il y a aussi sa mise en valeur. Cela signifie que, de par l’appartenance de l’homme à la nature, celle-ci est façonnée par sa main. Le paysan la structure avec ses terres agricoles. Dans le cas du chasseur, il s’agit de la façonner mais avec un objectif de biodiversité. Ce dernier mot n’est pas dans nos statuts tel quel, mais c’est ce qui est sous-entendu très clairement. Les animaux doivent se reproduire en nombre, de manière à ce que le chasseur puisse exercer cet art, cet artisanat, cette passion, ce sport en régulant cette prolifération du gibier et en maintenant l’équilibre entre les espèces et leur préservation. Il ne faut pas se leurrer, la nature fait disparaître et apparaître des espèces. L’extinction des dinosaures n’est pas due à la main de l’homme et si les dinosaures existaient toujours, certaines espèces se seraient quand même éteintes naturellement. Donc la main du chasseur vise à maintenir l’équilibre naturel, à défendre la nature telle qu’elle est. De ce point de vue-là, le chasseur est un conservateur. Il vise à conserver une nature idéalisée. Il est en cela fondamentalement un écolo. Mais il n’est pas pour autant le défenseur d’une idéologie écologiste, conservatrice, réactionnaire. L’idéologie écologiste apparaît lorsqu’on extrapole, à partir de l’idée de conserver une nature idéale, pour élaborer une vision du monde qui vise à interdire par exemple les centrales nucléaires, les avions, les sapins de Noël et la viande pour les enfants. Dans son rapport à la nature, le chasseur est un écolo mais cela n’induit pas une vision conservatrice des rapports sociaux. Ça c’est la liberté politique – d’être de gauche, de droite, du centre… – de chacun d’entre nous. Notre écologie humaniste conservatrice n’est pas pas politique contrairement à l’écologie animaliste (3).
Le chasseur réfléchit constamment au meilleur moyen de gestion rationnelle de la faune sauvage. Personne n’a le monopole de cette gestion et nous devons agir ici en dialoguant avec le reste du monde de la ruralité avec l’État, les scientifiques, etc… Notre expérience de la nature et de sa faune fait de nous des experts compétents autour de la table. N’oublions jamais que nous sommes des experts et pas seulement des usagers de la nature.
Le SAINT-HUBERT veut favoriser la promotion des sports cynégétiques. Arrêtons-nous sur cette expression qui pose deux problèmes. D’abord le mot cynégétique, relativement inconnu de qui n’est pas chasseur. C’est un beau mot, il faut le mettre en avant. Ensuite, le mot sport. La chasse est un sport. C’est un sport individuel et un sport d’équipe. Un sport individuel comme le coureur de fond, qui dialogue avec son corps, son cœur et son âme et un sport d’équipe, comme les joueurs de rugby. On chasse seul, on chasse à plusieurs. On parle bien de pêche sportive. On parle aussi d’un esprit sportif qui induit le respect de l’adversaire, la volonté de dépasser nos limites et de faire tomber de nouveaux records. On parle de sports équestres, c’est à dire d’un rapport où l’homme domine harmonieusement et dresse l’animal. Tout cela justifie que ce mot s’applique à la chasse. Mais c’est plus qu’un sport, c’est un artisanat, c’est à dire un savoir-faire technique que l’on peut pratiquer avec une certaine habileté. En ce sens, la chasse est une sorte d’artisanat. Pas vraiment un art, même si nous utilisons l’expression “l’art de chasser”. Si la chasse est un artisanat, c’est pour ce que je viens d’évoquer quant au savoir-faire d’approcher et de tirer un animal, mais c’est aussi l’artisanat des armes de chasse, l’artisanat des tenues de chasse (je n’inclus pas le gilet orange dans cette catégorie évidemment). Il y a un amour des beaux matériaux et des belles tenues, de la cuisine du gibier et de toutes les traditions locales et saisonnières qu’elle induit, les petites médailles que l’on fabrique pour identifier un territoire, etc… Enfin, c’est aussi l’expression d’un instinct qui remonte à la nuit des temps. Je sais bien que certains voudraient que l’homme ne soit que construction sociale. Je tiens à dire que je suis un fanatique de la pensée bourdieusienne et déridienne. Mais il y a chez l’homme et chez la femme, pour qu’il n’y ait pas de malentendu, un noyau dur et qui relève de notre animalité. La chasse est donc ces trois choses à la fois, un sport, un artisanat et l’expression d’un instinct millénaire.
Je ne me lasserai pas de le répéter: ce n’est pas seulement dans les statuts que ceci est dit, mais c’est écrit dans l’article premier du SHCF : il collabore avec les grandes associations qui ont pour but la protection de la nature. Je me demande si ces grandes associations ont aussi indiqué dans leurs statuts leur volonté de collaborer(4) avec les chasseurs. Mon instinct me dit que les animalistes ne cherchent à aucun moment à dialoguer avec les Humanistes.
Il est aussi mentionné dans cet article que le SAINT-HUBERT contribue à établir un lien de solidarité au sein du monde cynégétique. Cette idée de lien de solidarité est déduite du fait que nous sommes une association qui vise à créer des liens associatifs entre ses membres. On peut le déduire aussi du fait que nous cherchons à nous organiser pour mener cette défense du sport cynégétique, cette mise en valeur de la nature, etc… Mais plus fondamentalement, l’homme est un être social. Il se crée, se modifie, change de par ses liens sociaux. J’aimerais souligner que dans un monde aussi destructeur du lien social de manière générale et où est si difficile d’en créer, parce qu’il faut bien dire que l’individualité qui dorénavant domine nos sociétés, si on peut se féliciter de tout le bien-être qu’elle amène à chacun de nous de par le respect de chacune de nos spécificités, amène simultanément une énorme solitude(5), dont la virtualité des rapports sociaux grandissante ne parvient pas à venir à bout (les gilets jaunes c’est aussi et de manière non négligeable la souffrance du lien social, faible, inexistant, impossible à créer, impossible à maintenir )- et qu’en conséquence dans un tel monde, il faut nous battre pour protéger la chasse en tant que lien social. Toutes ces choses qui tournent autour de la chasse en font un art de vivre. Cet art de vivre, chers membres, chers abonnés, nous l’aimons, nous voulons qu’il perdure, nous ne cherchons à l’imposer à personne, nous ne cherchons pas régenter les âmes de nos frères humains, nous. Mais force est de constater que dans la devise de la République, « Fraternité » et « Égalité » sont portées au pinacle, mais leur sœur la « Liberté », elle, fait l’objet d’attaques constantes les Ayatollahs de l’animalisme veulent régenter nos vies. En fait, si nous sommes capables de dialoguer avec de nombreuses associations impliquées dans la conservation de la nature comme nous, c’est parce que nous avons en commun la volonté de la biodiversité. Mais si simultanément nous n’arrivons pas à leur parler, c’est que dans la devise si merveilleuse de notre République française, ils nient le premier des mots : la Liberté(6). En tant qu’humaniste-chasseurs, nous ne cherchons pas à imposer notre mode de vie aux autres. Les animalistes veulent par contre détruire nos libertés au nom de leur idéologie liberticide.