Ce roman est incontestablement noir car on y parle de meurtre dans une ambiance lourde mais le style limpide et la langue claire de Marie Devois aident à se plonger dans cette histoire aux nombreux rebondissements. Amateur ou non de polars, les chasseurs ne pourront que se plaire à découvrir le récit d’une affaire d’assassinat complexe et tortueuse, car il a pour cadre la ville de Saint-Etienne, berceau de l’armurerie française, et qu’il met en scène les ateliers ou les dirigeants de la célèbre firme Verney-Carron. Et toute l’intrigue va se compliquer à souhait devant la Cité du Design avec le vol au Musée d’Art et d’Industrie, d’une exceptionnelle pièce historique : la crosse sculptée d’un fusil. Par quelques jeux de mots, en suivant les lettres de l’alphabet, le lecteur va avancer à tâtons, tout comme la police ou le juge d’instruction. A chaque pas on croit avoir trouvé la bonne piste mais de chausse-trappe en fausse route, on se perd allégrement en imaginant qui est le coupable, ou plutôt les coupables. Qui est l’assassin ? Qui est le voleur ? Les affaires ont-elles un lien ? Les armes sont-elles le noyau dur de ce dossier ? On cherche et désespérément on ne trouve pas. Tout l’intérêt et là, se laisser porter et s’emmêler jusqu’à n’y plus rien comprendre. De questions en rebondissements, on s’interroge en vain tout en découvrant la réalité artisanale et industrielle de Verney-Carron. Cette Crosse mortelle va-t-elle finir pas tuer notre impatience à comprendre l’incompréhensible ? Mieux vaut se laisser porter par le récit de Marie Devois en appréciant son souci du détail et de la rigueur qui sont la base même d’un très bon roman noir. Tout est si clairement expliqué que l’on ne comprend pas pourquoi on n’a toujours pas compris jusqu’au moment où… JR